Fourmis de Sun Moon Lake

Le lac du Soleil et de la Lune (日月潭 – Rìyuè tán) est une des grandes attractions touristiques de Taïwan. Le lieu est relativement préservé par diverses mesures gouvernementales et la nature y est encore très présente. À l’occasion d’une visite chez un ami de la famille, j’ai pu photographier quelques grandes fourmis vertes (peut-être des Polyrhachis wolfi).

J’ai d’abord commencé sans flash.

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Malheureusement, le manque de lumière rendait difficile l’obtention de photos nettes avec une grande profondeur de champ. J’ai donc utilisé le flash, mais sans diffuseur. Il s’agit d’un flash cobra connecté par un câble et tenu à gauche de l’appareil. Cela rend une esthétique intéressante, mais la dureté de la lumière ne donne pas toujours des résultats très heureux. Toutefois, je livre ici quelques unes d’entre elles en vrac.

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On remarquera l’espèce de plastron qu’elles portent sur le thorax, comme un bouclier qui leur protège le dos. Le pédoncule (la partie qui relie l’abdomen au thorax), que l’on devine sur les deux premières photos, est aussi assez complexe. La taille réelle de leur corps est d’environ dix à douze millimètres sans les antennes.

Depuis, j’ai bricolé un diffuseur pour mon flash afin d’obtenir une lumière moins dure. Les tests sont encourageants, j’espère que j’aurai bientôt l’occasion de le tester en conditions réelles…

L’Arbre

Cette photo a été une étrange surprise. Lorsque j’ai vu cet arbre, bien droit avec ce houppier bien arrondi en demi-cercle et clairement dégagé du tronc ; je l’ai cru sorti d’un récit surréaliste. Ce genre d’histoire dans laquelle tout est parfaitement représentatif de ce qu’il doit être : des personnages dont la physionomie et l’accoutrement correspondent à ce qu’ils sont, où les fleurs sont éclatantes comme doivent l’être des fleurs, le ciel parfaitement bleu, les chemins bien tracés même en pleine nature, etc.

Cependant, il m’a semblé que, malgré son apparence commune, celui-là avait un air un peu sévère, pour ne pas dire menaçant.

Lorsque j’ai pris la photo, je ne voulais que l’arbre tout seul et j’ai maudit ces paysans qui me gâchaient la vue. C’est seulement après que j’ai compris à quel point ils sont indispensables à cette photo.

Je ne vais pas m’étendre longuement sur mon interprétation de cette scène, chacun doit être libre d’y voir ce qu’il veut sans être trop influencé, mais il me semble qu’elle symbolise une nature prodigue, certes, mais exigeante et âpre. Elle veut bien donner, mais le travail pour obtenir ses fruits sera long, pénible et laissera des mains calleuses et des dos cassés.

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Ce qui m’a vraiment laissé pantois en retravaillant cette photo, c’est sa construction. Évidemment, je ne m’en suis pas rendu compte au moment où je l’ai prise même si, en jetant un œil sur l’écran de l’appareil, je me suis douté qu’elle serait intéressante. On dirait bien qu’à force de prendre des photos, on finit par les construire de manière semi-consciente. L’idée de centrer l’arbre était déjà présente. Pourtant, sur la photo originale, l’arbre n’est pas centré, mais je savais déjà que je la recadrerai en post-traitement.

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Ici, c’est évident, on a une structuration de l’image par l’arbre qui semble détenir un pouvoir sur tout ce qui l’entoure. On peut voir des oppositions entre le ciel et la terre, la légèreté des feuilles et la lourdeur des humains, les hauts immeubles au fond et la campagne au premier plan…

Ensuite, après examen sur grand écran, d’autres lignes sont apparues.

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On retrouve les sempiternelles lignes de tiers, ici produites involontairement, et qui structurent l’image autour des humains toujours dominés par le feuillage de l’arbre. Le rapport hiérarchique est frappant.

Pour finir :

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Cet arc nous renvoie directement à la structure de nombreuses œuvres classiques : peintures, retables, constructions romanes, etc. Lorsque l’on regarde cette photo de loin ou en taille réduite (sous forme de vignette, par exemple), on a la forte impression de voir une peinture. Je pense que c’est en grande partie lié à ces lignes.

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Sous l’arbre, l’image ainsi découpée est presque carrée. D’une domination, on passe à un enfermement, un rapport de dépendance. Les humains ne peuvent exister sans l’arbre, il est leur dieu.

Le premier regard que je jette sur cette photo est toujours sans grand intérêt, même maintenant que je la connais bien. Pourtant, dès le deuxième regard, elle me capte et m’oblige à m’y attarder. Cela me fait cet effet à chaque fois que tombe sur elle, je suis contraint d’y consacrer au moins quelques minutes, comme si c’était important voire indispensable. C’est bien la première fois qu’une de mes propres photos me touche à ce point.

Les japaluras de Lutao

Sur la petite île de Lutao (綠島, île verte) située à l’est de Taïwan, on peut observer des japaluras, probablement des japaluras de Swinhoe (Japalura swinhonis). Ces petits sauriens sont dotés d’une longue queue fine, de longues pattes dont certains doigts sont très développés. Ils courent et sautent vivement.

Ils pourraient être difficiles à prendre en photo du fait de leur vivacité, mais ils ne sont pas peureux et se laissent approcher à condition de le faire très lentement.

Japalura de Swinhoe - Japalura swinhonis

Japalura de Swinhoe - Japalura swinhonis

 

Celle-ci est évidemment ma préférée. C’est presque un portrait.

Japalura de Swinhoe - Japalura swinhonis

 

Les couleurs sont assez diverses.

Japalura de Swinhoe - Japalura swinhonis

 

Et ils sont curieux. C’est certainement pour cette raison qu’ils se laissent approcher. Celui-ci m’observe intensément.

Japalura de Swinhoe - Japalura swinhonis

 

En repartant le long de l’étroit chemin, un japalura est arrivé en face de moi en courant. Au lieu de s’arrêter ou de s’enfuir, il a continué son chemin en passant à quelques dizaines de centimètres de mes pieds tout en me fixant d’un œil, au cas où… C’était assez comique.

Il n’y a décidément que les animaux pour apporter ces moments à la fois banals et exceptionnels.